Sortir du bain?
Le National Bureau of Economic Research a effectué une enquête portant sur plus de 30 000 Américains dans le but de déterminer si le travail à domicile allait persister et pourquoi. Les données contenues dans un document de travail publié en avril 2021 indiquent que 20 % du temps total de travail sera dorénavant effectué de la maison, ce qui correspond à une augmentation de 15 % puisqu’il était de 5 % avant la pandémie. On a identifié les cinq plus grandes raisons de ce virage, qu’on travaille maintenant à étayer :
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expérience du télétravail meilleure que prévu;
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nouveaux investissements dans le capital physique et humain pour faciliter le télétravail;
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importante réduction de la stigmatisation associée au télétravail;
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inquiétudes persistantes concernant les foules et les risques de contagion;
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poussée pandémique des innovations technologiques qui soutiennent le télétravail.
Continuer à travailler de la maison ou retourner au bureau, c’est la question que plusieurs se posent. Nous ressortirons bientôt de cette pandémie qui nous a apporté de nouvelles habitudes de travail et beaucoup de ceux et celles qui ont eu la chance de poursuivre leurs activités professionnelles de la maison… veulent y rester.
Beaucoup de questions
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À quoi devrions-nous nous attendre après la fin de la pandémie?
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Est-ce que les employés travaillent mieux de chez eux ou non?
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De plus en plus de gens sont vaccinés, et la question est : quand et comment devrions-nous rapatrier les employés dans les bureaux?
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Et pour ceux qui travaillent de leur foyer depuis un an et demi, est-ce que ça vaut la peine de se sentir moins seul et de restaurer les limites entre le travail et la vie familiale aux dépens de la flexibilité?

Photo de Guy Pilote, auteur de la chronique Un oiseau dans ma cour
Le futur du télétravail
Voyons quelques résultats de sondages réalisés au Canada. Environ 40 % des travailleurs canadiens ont des emplois qui peuvent être effectués à domicile (ou ailleurs) en tout ou en partie. Une grande majorité d’organismes (environ 80 %) sont en faveur de l’adoption d’un modèle hybride, c’est-à-dire une répartition du temps entre le domicile et le bureau. Quelques-uns se sont déclarés publiquement « numériques » et vont fonctionner essentiellement de la maison et un petit nombre ont dit retourner au modèle « pré-pandémie ». Il s’agit d’entreprises de 20, 50, 200 employés et cela représente une grande proportion d’employeurs.
Du côté des employés, les chiffres en ce moment sont 20-60-20, c’est-à-dire que 20 % veulent continuer à travailler à distance, 60 % prônent le modèle hybride et 20 % veulent retourner au bureau. Ce qui surprend lorsque l’on examine les données, c’est que ce sont les jeunes employés qui souhaitent revenir au bureau. C’est en bonne partie parce que c’est là où se déroule une bonne partie de leur vie sociale et où leur carrière peut se développer au contact des employés qui ont plus d’ancienneté.
Chez les employeurs, il s’agit de conserver et de développer la culture de l’entreprise ainsi que le sentiment d’appartenance, éléments cruciaux du succès de l’organisme. De plus, on le sait, c’est lorsque nous sommes regroupés que la créativité est au mieux de sa forme et que jaillissent les idées.
Maintenant, vu tous les avantages du télétravail dont plusieurs ont été énumérés dans les numéros précédents, comment inciter les employés à revenir dans les locaux de l’entreprise? Les mots clés sont : flexibilité et choix. Les employeurs devront être flexibles et offrir des choix à leurs employés, des choix quand même bien définis. Il ne s’agit pas ici de se lever le matin et de décider « Hum! Aujourd’hui, je n’ai pas le goût d’aller au bureau, je vais travailler de la maison. » Quoique… c’est une idée qui ne manque pas de mérite.
Et puis, n’écartons pas le danger pour un employé qui travaille de la maison alors que ses collègues sont au bureau, de perdre des occasions d’avancement dans cette situation de « loin des yeux loin du cœur ».
Lorsque nous avons commencé cette chronique, il y a un an, plusieurs avaient été soudainement « plongés dans le bain ». Nous avons beaucoup appris ensemble et nous avons encore beaucoup à apprendre, mais nous devons maintenant nous pencher sur les façons dont nous pourrons intégrer cette nouvelle « normalité ». Deux pistes de départ : mettre l’emphase sur la mise en place de l’horaire flexible et développer des techniques d’évaluation du rendement mieux adaptées à la réalité. Cela nous permettra de sortir du bain… tout en gardant un pied dans l’eau!

Je ne veux pas que tu retournes au bureau!