Nourrir le Rêve
Winnipeg, le 19 août 2021
Dans 8 jours nous fêterons notre première année au Canada. Une révolution solaire, 12 mois, 13 lunes. Une révolution, rêve – évolution.
En allant faire mes courses au supermarché la semaine dernière, j’ai vu cette phrase « Feed the Dream ». Et puis deux personnes ont parlé de leur « rêve canadien ».
Ce n’était pas mon rêve de partir vivre au Canada, mais celui de mon mari au départ. Pour pouvoir partir, j’ai dû construire le mien : une aventure humaine individuelle et familiale, personnelle et professionnelle.
Je suis partie pour transplanter les graines que j’avais semées en France et les voir s’épanouir dans les grands espaces canadiens. J’ai rêvé de Nature et de connexion au Grand Esprit.
Aujourd’hui, nous cherchons notre maison, celle dans laquelle nous allons nous installer. Cette étape pourrait être la dernière du projet « Move to Canada ». Le projet serait alors terminé à la signature de la maison. Mais ensuite? Que se passerait-il? C’est cette question qui m’a habitée durant toute la semaine. La fin de quelque chose est toujours le début d’une autre chose. Et là, nous arrivions à la fin d’un rêve. Le temps que l’univers nous laisse pour trouver notre maison, notre « Home Sweet Home » est donc propice à cette réflexion : la maison, oui, et après?
La Vie – en ne nous présentant pas notre maison tout de suite – nous oblige à aller nourrir le Rêve. Oui nous cherchons une maison, mais en fait, c’est bien plus qu’une maison que nous cherchons… C’est un lieu de vie, un endroit pour se ressourcer, créer des souvenirs, recevoir des amis, la famille, un ancrage, un lieu de tous les possibles, de toutes les réalisations, un sanctuaire pour notre famille, un espace de création pour moi… Une maison, et aussi un jardin, pour semer et cultiver le champ des possibles, pour rester connectée à la Vie, au Cosmos, à la Nature, pour voir changer au gré des saisons les arbres, les plantes, les animaux. Mon rêve est si simple et pourtant si ambitieux.
Depuis plusieurs années, j’utilise le collage
comme outil de visualisation créatrice.
Les deux dernières années ont été intenses en préparatifs, en stress dû à la pandémie. Notre santé mentale a souvent été mise à mal. Mais dans ces eaux troubles, quelques moments de joie sont apparus un peu comme des îlots précieux, sur lesquels se reposer, juste le temps nécessaire pour se recharger et affronter la vague suivante. Comme des respirations dans une longue période d’apnée.
Ces moments de joie, je me les suis remémorés pour rallumer ce feu de vie qui semblait s’être éteint dans cette course effrénée pour trouver une maison. La rencontre avec les animaux sauvages comme les biches, les aigles, la loutre; la poutine entre amis, si longtemps espérée; les nouvelles toiles que j’ai réalisées depuis le mois de janvier; des rencontres « pour de vrai » après des mois de Zoom; ce badge que ma fille m’a dessiné parce que j’avais réussi à conduire la voiture… Et toutes ces « premières fois » depuis un an.
Parfois, la Vie nous met sur « Pause » pour que nous puissions nous poser les bonnes questions, prendre le recul nécessaire et faire le point sur la situation extérieure, mais également sur ce qui se passe à l’intérieur.
Aujourd’hui je souhaite trouver notre maison, pas comme une dernière tâche à accomplir dans notre projet d’immigration au Canada, mais comme point de départ d’une nouvelle tranche de vie, d’un nouveau Rêve qui serait d’ouvrir chaque jour les cadeaux que m’offre la Vie.
Je vous recommande ce petit livre de Frédéric Lenoir sur la Joie. Il en donne une définition et offre différentes approches philosophiques et des conseils pratiques.