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30 décembre 2014

Retour à la normale après la réalisation de cet exploit. Il y a déjà quelque temps que je veux vous partager ce que j’ai vécu et ce que je retiens de ce défi. Le défi d’une vie pour moi. Le plus grand accomplissement après la naissance de mes deux fils. Une expérience de dépassement total et pourtant, ça n’a pas été si dur. En fait, oui, ç’a été dur. Quand on me demande si ça s’est bien passé, je ne suis pas capable de dire oui. Ça s’est passé, on l’a fait et on est contentes de l’avoir fait. Rien de ce que j’appréhendais ne s’est passé et en même temps, les conditions ont été aussi extrêmes qu’on pouvait l’imaginer…
 

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Photo : Groupe Esprit de corps

Vous voyez déjà, dans ces quelques lignes, comme ce défi est riche de sentiments et de perceptions paradoxales. Je vais essayer de vous traduire le tout de la manière la plus simple possible.

Pour le départ de notre défi, j’ai été parmi les premières en tête de file, pour donner le rythme puisque j’étais une des plus lentes. Et j’étais à l’aise avec ça. Je l’ai pris comme une forme de respect. Et j’étais rassurée. Je savais qu’au besoin, je pouvais demander de l’aide et que plusieurs personnes étaient en mesure de m’aider. Mais finalement, je n’ai pas eu besoin d’aide ou si peu, pas plus que les autres. Et ce, contrairement à la majorité des entraînements que nous avons faits.

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En toute sérénité

C’est en ce sens que je m’aperçois que réaliser ce défi n’a pas été SI dur. Et pourtant, ce fut dur : un départ dans des conditions féériques, trois heures de montée, un refuge des plus rudimentaires, sans aucune chaleur à part celle apportée par nos vêtements et nos équipements. Une nuit pour ainsi dire blanche. Un réveil encore à la nuit noire, à 5 h. Une montée dans des conditions difficiles avec des vents très présents et une faible visibilité pendant six heures. L’arrivée au sommet dans des conditions tout aussi difficiles et une descente dans des conditions extrêmes de vents, de verglas, de visibilité nulle pendant une heure et trois autres heures avant d’atteindre le fil d’arrivée.

Ce sont des conditions que je n’ai jamais affrontées. Mais le physique et le moral n’ont jamais lâché. Sauf peut-être 30 secondes où je me suis retrouvée par terre, projetée par le vent et incapable de me relever, et incapable de me faire entendre par mes collègues, le vent sifflant si fort. Mais j’ai pu compter sur eux. Ils se sont aperçus de mon absence, se sont retournés et m’ont relevée. Et j’ai pu continuer, j’étais sauvée!!! Sans blague, j’ai vraiment eu peur pendant ces 30 secondes-là…

Et nous ne pouvions lâcher, c’était une question de survie, comme c’est souvent le cas dans nos vies de parents uniques. Sauf que là, nous avons compté les uns sur les autres. Et nous avons supporté, traversé les pires conditions. Nous avons pris soin de chacune et chacun, nous assurant constamment que tous allaient bien.

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Une pause où l’on s’assure que chacun se porte bien.

Et cette fois, j’étais heureuse d’aider mes coéquipières. De POUVOIR aider. Car, quand on a besoin d’aide, on ne peut pas aider. Et pour moi, la fonction d’aide est centrale dans ma vie. Mais de voir la solidarité entre nous, pouvoir, savoir qu’on peut compter sur les autres, c’est une grande richesse, un soulagement, une force, une assurance.

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Belle illustration de l’entraide qui était au cœur de notre esprit de corps.

Par ailleurs, les bobos, les douleurs, qui m’avaient affligée pendant la période d’entraînement ne se sont pas faits très présents, pas plus que pour les autres. Nous avons certainement pu compter sur l’adrénaline pour nous soulager dans le plus fort de nos efforts. Ce n’est qu’à près de 5 km de l’arrivée que nous avons toutes commencé à ressentir douleurs et inflammations. Mais rien pour nous empêcher d’avancer. Au contraire, ça nous a poussés à accélérer le pas pour quelques-unes d’entre nous. Nous avions toutes hâtes de terminer et de nous reposer.

Je suis si fière de ma progression. Je suis allée si loin. J’ai démarré en queue de peloton. Et je les ai rejoints. Nous avons tous réussi, nous pouvons tous être fiers de cet accomplissement, nous l’avons fait ensemble et avons bien conscience que seule, cela n’aurait pas été possible.

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Fière de ma progression

Au-delà du défi physique personnel, qui en soi, représente pour moi un grand dépassement, le défi de former un Esprit de corps a été une révélation. Comme parent unique, habituée à tout faire seule, de découvrir le sentiment de faire partie d’une équipe, présente dans toutes les situations et prête à offrir son soutien, ça amène un sentiment de force hors du commun. J’ai toujours voulu être forte et rester debout face à l’adversité ou juste face à l’accumulation des charges quotidiennes. Je me dois de rester forte pour mes enfants dont j’ai l’entière responsabilité. Mais j’ai toujours eu peur de ne pas y arriver. Après le Défi du mont Washington, je vois la force, la persévérance, la détermination que j’ai démontrée pour réussir. Et j’ai maintenant la conviction qu’avec cette force que j’ai développée, qui est mienne, je resterai toujours debout. En soi, pour moi, c’est le gain le plus important que m’a apporté le Défi du mont Washington.

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Je resterai toujours debout

Un autre gain important que j’aie obtenu, c’est une autre conviction : dans les moments plus difficiles, je peux compter sur des personnes qui ont à cœur ma réussite, mon bonheur. Des personnes qui étaient là avant. Des personnes qui se sont ajoutées à mon réseau grâce au défi. Et je comprends, je mesure toute la valeur d’être bien entourée et de m’ouvrir à l’aide que ces personnes sont si heureuses de pouvoir m’apporter, comme moi je suis heureuse de pouvoir les aider.

Je réalise en même temps que j’ai hérité de l’esprit de combattante de ma mère, qui s’est battue pendant près de 12 ans contre le cancer. Elle est décédée il y a six mois. Je suis fière de pouvoir honorer cet héritage. Et d’avoir appris toute la valeur d’un réseau fort et bien entretenu. Ma mère a beaucoup donné dans sa vie. Mais elle n’a jamais hésité à demander de l’aide qu’elle puisait dans un réseau très riche. Et ça l’a aidée à survivre. Comme ça nous a aidés à réaliser ce défi dans des conditions extrêmes. Il m’a fallu ce défi pour prendre toute la mesure de cet héritage.

On termine ce défi avec un sentiment de deuil. Cet esprit de corps que nous avons bâti peut se perdre. Mais nous voulons le garder vivant. Déjà, plusieurs initiatives se dessinent entre nous. Mais il est clair que nous porterons toujours bien au chaud dans notre cœur, cette expérience hors du commun qui nous a réunis et que nous avons partagée.

Plus loin, plus fort, ENSEMBLE!

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