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Éveillée par mon tambour
– 2ᵉ partie –

Lorsque j’ai fabriqué mon tambour, nous avions reçu les consignes explicites que nous avions la responsabilité de le jouer. Mais je dois vous admettre, je ne savais pas où j’allais le jouer. Allais-je me sentir à l'aise de le jouer seule à la maison, sans connaître aucune chanson? Allais-je avoir l’occasion de le prendre avec moi lors d’un événement communautaire?

L’occasion s’est présentée à la veille du jour de l’An 2013. Le 31 décembre 2012, j’ai reçu un texto d’une amie me disant qu’il y aurait un grand rassemblement Idle No More aux coins des rues Portage et Main.

En automne 2012, Sylvia McAdam, Sheelah McLean, Jessica Gordon et Nina Wilson, quatre femmes de la Saskatchewan, dont deux femmes autochtones, avaient organisé des ateliers destinés à vulgariser les impacts des projets de loi C-38 et C-45 sur les Autochtones. Ces lois omnibus de plusieurs centaines de pages, déposées par le gouvernement conservateur du temps, allaient modifier plusieurs lois en matière de protection environnementale, de pêche et de soins de santé. Sans qu’elles aient pu l’imaginer, elles ont fondé un mouvement qui est devenu le mouvement Idle No More.

Ce n’est pas surprenant que mon amie et moi nous nous soyons jointes à l’événement qui revendiquait entre autres la perte de protection de 98 % des cours d’eau au Canada. Quelques mois plus tôt, en juin 2012, nous sommes allées en voyage de solidarité au Brésil pour la Conférence des Nations Unies sur le développement durable – Rio+20. Parallèlement, nous avons participé au Sommet des peuples et à la Conférence internationale de développement durable et d’autodétermination des peuples autochtones où nous avons appris au sujet des fausses solutions vertes, ainsi que les solutions apportées par les représentants de diverses nations autochtones.


Au beau milieu de l’intersection Portage et Main, je me suis rendu au centre de la danse ronde où jouaient les tambours. Et pour la première fois, j’ai joué de mon tambour. Boum, boum, boum. La résonance des battements, ces battements synchronisés, comme des battements de cœurs. Une vague d’émotions est venue me frapper. C’était plus puissant que moi. J’ai pleuré.

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Prête à jouer de mon tambour pour la première fois

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Avec Barbara Gajda – Rassemblement
Idle No More, le 31 décembre 2012

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Au milieu de la danse ronde  à l’intersection Portage et Main

Par la suite, j’ai répondu aux appels des danses rondes dans les centres commerciaux. Je me souviens quand on était au milieu de Polo Park – wow, il y avait du monde! Des centaines de personnes – et les tambours! Ça vibrait d’énergie et nos chansons résonnaient dans tout le centre commercial! C’était puissant.

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Janelle Delorme, Monique Woroniak et Gramma Geraldine Shingoose.
Photo : Robert Dearden

En été 2013, j’attachais mon tambour sur mon sac à dos (j’avais l’air d’une tortue ninja) et je me rendais à vélo aux événements tels les rencontres « Water Wednesdays » tous les mercredis dans le parc Mémorial. En septembre 2013, j’ai eu l’occasion de me rendre au rassemblement national de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) à Vancouver. À la marche finale, nous étions 80 000 personnes, sous une grande pluie. Mais cela n’a pas terni nos sourires et notre sens de convivialité. Malgré la pluie, j’ai réussi à jouer de mon tambour jusqu’à ce qu’il devienne si mouillé et étiré que je ne pouvais plus le jouer.

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Sœur Norma McDonald, Nora Martin, Janelle Delorme et Margaret Eaton

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Dans la marche de la CVR à Vancouver, septembre 2013

Encore novice, j’ai été invité à jouer de mon tambour lors d’un rassemblement intergénérationnel organisé par KAIROS. Je connaissais UNE chanson relativement bien en Anishinaabemowin (la langue Anishinaabée). Mais quelquefois je trébuchais sur des mots – n’oubliez pas que les chansons sont dans des langues autochtones, et je ne suis pas locutrice. Je tremblais dans mes bottes, parce qu’en plus, la co-fondatrice de Idle No More, Sylvia McAdam, était présente! J’ai pris tout le courage que j’avais, je me suis mis au-devant d’une salle comble d’environ une centaine de personnes et j’ai chanté le plus fort que je pouvais. Ceux et celles qui connaissaient la chanson se sont joints au refrain. Un souvenir précieux que je n’oublierai jamais.

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Avec Sylvia McAdam (co-fondatrice de Idle No More)

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Éléments de Justice KAIROS, octobre 2013. Photo : Matt Ryan

Cinq ans après avoir joué de mon tambour pour la première fois et d’avoir joint le mouvement Idle No More, il eut une autre danse ronde aux coins des rues Portage et Main pour célébrer l’anniversaire du mouvement qui a secoué et mobilisé, tant les non-Autochtones que les Autochtones, une nouvelle génération pour les droits fondamentaux des peuples autochtones, ainsi que la protection et la sauvegarde de l’environnement.

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Idle No More, 31 décembre 2017.
Photo : Michael Yellowwing Kannon

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Avec Magaly Paquet (une autre chroniqueuse du Nénuphar) au 5ᵉ anniversaire de Idle No More

Au fil des ans, les occasions de jouer de mon tambour ont été nombreuses. J’apporte mon tambour aux Exercices des couvertures (C’est quoi? On en parlera une autre fois). Je réponds aux appels aux tambours quand je le peux. J’ai fondé de belles amitiés. J’ai appris des chansons en me joignant à différentes marches et manifestations. Et maintenant je partage ces chansons avec d’autres. Être porteuse de tambour m’a permis de me sentir plus connecté avec l’esprit de qui je suis. Mon tambour est une extension de moi et je me sens comblée d’être porteuse de tambour.

Maintenant que vous me connaissez un peu plus, le mois prochain nous aborderons la raison d’être de cette chronique. D’ici là, je vous invite à lire The Winter We Danced.
 

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Pour vous donner un avant-goût de la prochaine chronique, voici une photo prise lors de la marche Every Child Matters / Chaque enfant compte du 1ᵉʳ juillet 2021 et une petite vidéo de la marche de la première Journée de vérité et réconciliation et la Journée du chandail orange du 30 septembre 2021.

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Marche Chaque Enfant Compte avec mon fils Olivier, 1ᵉʳ juillet 2021

Vidéo : La chanson de l’ours – Marche de la Journée de vérité et réconciliation, 30 septembre 2021

Maarsii ben lii zaamii!

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