top of page
en-tête.jpg

Courir les bois

Quand j’étais gamin, je me voyais d’abord pilote, et cela correspondait à ma fascination pour les avions. Puis, en grandissant, ma soif insatiable de comprendre le fonctionnement des choses vivantes, du corps humain entre autres, et mon désir de vouloir aider les gens m’ont amené à croire que mon métier serait médecin de famille. C’est donc ce vers quoi je me suis dirigé dans mes études postsecondaires, lorsque j’ai choisi de suivre le programme du bac en sciences à l’Université de Saint-Boniface.

Durant les étés, j’occupais des emplois qui me permettaient d’être en étroit contact avec la nature et cela s’harmonisait avec mon enfance passée à jouer dehors, à courir les bois, à me promener sur la rivière. Mes parents m’ont procuré la liberté et la confiance dont j’avais besoin pour explorer librement mon environnement, malgré les dangers toujours présents, et mon environnement, à Saint-Georges, au Manitoba, c’était la forêt et la rivière Winnipeg.

J’ai donc été guide de voyages en canot durant quatre étés, puis j’ai fait de la collecte de données sur la qualité de l’eau dans le coin de Saint-Georges et au nord, l’identification de plantes, etc.

De retour sur les bancs de l’université, je réalisais que, malgré mon fort intérêt pour la formation en vue de devenir médecin, j’allais exercer ce métier la plupart du temps confiné entre quatre murs. Et quelque chose s’est déclenché dans ma tête : je ne pourrai pas y être heureux à long terme, j’aimais trop être dans la nature. 

Anderson Lake.JPG

Lac Anderson, à cheval sur la frontière Manitoba-Ontario

J’avais toujours cette curiosité de comprendre le fonctionnement des systèmes et des organismes vivants et leur interaction entre eux, et je pouvais encore travailler dans ce domaine, mais à l’extérieur, où je me sens vraiment chez moi. 

J’ai beaucoup appris à l’université, mais la majeure partie des connaissances qui ont permis de me lancer dans mon domaine, je les ai acquises sur le terrain, au cours de mes expériences d’emploi d’été, et même avant, sans m’en rendre compte, lors de mon enfance à parcourir les forêts et les rivières. Je ne savais pas, à l’époque, que ces connaissances n’étaient pas courantes. Elles m’ont aidé à devenir le biologiste que je suis aujourd’hui et d’en faire une carrière. 

C’est véritablement par hasard que j’ai commencé à travailler avec les loups en 2008. Je travaillais à titre de guide en canot avec un ami qui avait lui-même travaillé à recueillir des données sur la densité et la population des ours grizzlys dans une région de l’Alberta. Son équipe avait besoin d’une autre personne et j’ai obtenu le poste. J’ai donc passé l’été dans le bois à pister les grizzlys et à recueillir leurs poils accrochés aux trappes en vue d’analyser leur ADN. Ce travail m’a mis en contact avec un groupe d’étudiants de doctorat qui eux, suivaient les caribous et les loups dans la même région. Ils attrapaient des loups et leur posaient des colliers GPS afin de comprendre leur comportement et leur impact sur les troupeaux de caribous.

 

Lors de nos rencontres dans le bois, nous avons formé des amitiés et un matin, je suis invité à venir voir cette opération de relâcher un loup dans la nature après lui avoir installé un collier. De fil en aiguille, j’apprends que l’on recherchait des gens pour poursuivre cette activité avec les loups en hiver, et on me propose le travail. Dans cet emploi, j’ai pu acquérir beaucoup de connaissances sur les loups, surtout sur le comportement lié à leur diète, leurs déplacements et leurs interactions entre les différents membres de la meute.

Dupont_kill site.jpg

Site de mise à mort

C’est ainsi que j’ai commencé à travailler avec les loups, et qu’après les avoir étudiés pendant plus d’une décennie, j’en suis maintenant un spécialiste en quelque sorte. Et ce sont mes expériences de bénévolat, où j’ai été membre de conseils d’administration et où j’ai donné de la formation à des groupes de jeunes, qui ont contribué à ma capacité de m’exprimer publiquement et de vulgariser mes connaissances.

C’est la curiosité pour les choses qui m’entourent qui m’a mené à mon métier et c’est mon souhait pour vous tous : soyez curieux! Vous verrez bien où cela vous mènera.

 

Daniel.jpg

Daniel Dupont est biologiste de la faune pour le ministère Agriculture et Développement des ressources du gouvernement du Manitoba et étudiant au doctorat à l’Université Memorial de Terre-Neuve depuis 2016.

Liste de tous les articles de.jpg
bottom of page