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L’archéologie : Pour qui? Pourquoi?

DEUXIÈME PARTIE

Dans cette seconde partie qui traite du parcours singulier d’un archéologue ayant œuvré en milieu autochtone, le lecteur pourra constater qu’à force d’études, de patientes recherches et de persévérance, on arrive à mieux comprendre le monde qui nous entoure et on se donne la chance de s’épanouir et de contribuer à la connaissance du passé tout en favorisant le rapprochement interculturel. 


Après avoir connu deux expériences concrètes en archéologie, la première sur la côte du Pacifique et la seconde sur la côte atlantique, je suis rentré aux études et pratiquement chaque été par la suite, pendant une trentaine d’années, j’ai pu effectuer de longs séjours en milieu autochtone : d’abord chez les Cris de la baie James et par la suite chez les Inuits du Nunavik, puis chez les divers groupes autochtones du Labrador.

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Isaacie Padlayat, assistant de recherche et personne-ressource, près d’un ancien emplacement d’une tente découvert lors d’un inventaire archéologique au Nunavik (Québec arctique). (Photo : YL 1992)

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Fouille d’une structure dorsétienne, île Diana, Nunavik. (Photo : YL 1979)

Imaginez la diversité des expériences en forêt puis dans la toundra, les longues randonnées en plein air pour trouver les sites d’intérêt archéologique, puis les interminables journées à creuser patiemment les couches de sol pour contribuer ne serait-ce que modestement à la compréhension de l’histoire des peuples autochtones qui habitent ces régions depuis des temps immémoriaux!


Mes études se sont échelonnées sur des dizaines d’années, car il fallait aussi travailler et gagner ma vie, d’abord à titre d’assistant de recherche au laboratoire d’archéologie à l’Université du Québec à Montréal, auquel j’ai été affilié pendant une quinzaine d’années. Ce laboratoire était dirigé par Patrick Plumet, un archéologue d’origine française qui m’a beaucoup inspiré et à qui j’ai rendu hommage en organisant en 2014 deux ateliers dans le cadre du congrès d’Études Inuit à Québec. Ces rencontres ont permis de réunir des collègues avec lesquels j’avais étudié et travaillé entre 1978 et 1990 ainsi que des amis et des proches de M. Plumet.

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Aînés et assistants de recherche autochtones participant à l’inventaire d’anciens campements amérindiens. Projet hydro-électrique du fleuve Churchill, Labrador. (Photo : YL 1999)

De 1997 à 2005, j’ai vécu à Terre-Neuve-et-Labrador où j’ai travaillé à titre d’archéologue principal d’une firme-conseil en environnement. Tous les travaux réalisés durant cette phase de ma carrière, et en fait tous ceux que j’ai entrepris à compter de 1985, ont été planifiés et réalisés en étroite collaboration avec des communautés autochtones. Cette tranche de ma carrière ainsi que les 16 dernières années durant lesquelles j’ai vécu et enseigné au Manitoba pourront faire l’objet d’un nouveau partage en temps opportun.

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Inuits et Métis participant à un programme de formation à l’archéologie dans le contexte de l’étude d’impact du projet minier de Voisey’s Bay, Labrador. (Photo : YL 1996)

Pour l’instant, retenons que la vie est faite de hasards et qu’il vaut mieux saisir l’occasion lorsqu’elle se présente. À l’âge de huit ans, je n’avais aucune idée de ce que signifiait le mot archéologue, mot entendu et expliqué par mon meilleur ami qui lisait beaucoup et qui m’avait confié qu’il allait un jour devenir archéologue. Eh bien non, celui-ci est devenu médecin psychiatre! 


Si vous choisissez l’archéologie, il faudra vous armer de patience et ne pas vous imaginer que vous pourrez conserver les trésors enfouis que vous découvrirez. En effet, les permis de recherche ne sont attribués qu’aux professionnels qualifiés et ceux-ci sont tenus de retourner tous les vestiges recueillis et catalogués aux organismes gouvernementaux responsables de leur conservation. Si ces vestiges témoignent de l’histoire de peuples autochtones, ces derniers pourront revendiquer leur rapatriement. 


Bref, même si vous avez déjà en tête une carrière, grâce à vos propres démarches ou aux encouragements de vos parents ou de vos amis, donnez-vous quand même le temps de bien réfléchir et demeurez ouverts aux nombreuses possibilités qui s’offrent à vous. 


En effet, on peut commencer par les études et finalement se rendre compte que la pratique d’un métier ou d’une profession ne nous convient pas. Il faut donc se donner le temps d’envisager plus d’une possibilité avant de se lancer! On peut aussi débuter par des stages ou des expériences concrètes et être ainsi mieux en mesure d’évaluer la pertinence d’investir beaucoup de temps et d’énergie dans des études pour se spécialiser dans un domaine ou un autre. 


Il ne faut rien négliger pour faire les bons choix, tout en se rappelant qu’il arrive de plus en plus souvent que l’on change de carrière au cours d’une vie et que le changement peut être exigeant, mais que cela en vaut la peine. En effet, chaque jour vous passerez plus du tiers de votre temps au travail et il faudrait qu’il soit préférablement une source d’épanouissement et non simplement le moyen de gagner votre pain. Une chose est certaine, les études vous seront toujours d’un grand secours, même dans les temps les plus difficiles. 

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Yves Labrèche est professeur associé et coordonnateur de la Chaire de recherche sur les migrations, les circulations et les communautés francophones à l’Université de Saint-Boniface.

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