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Par amour de l’histoire

Je dis souvent pour blaguer que je suis né à La Fourche, mais je suis réellement né à Saint-Boniface et je suis passé de l’Hôpital Saint-Boniface à la résidence familiale sur la rue La Vérendrye. Ce nom m’a toujours fasciné, car, en grandissant à Saint-Boniface, les rues connues portaient des noms de prêtres : Taché, Provencher, Langevin, Thibault… et le fait que le nom de notre rue « La Vérendrye » se distinguait des autres a piqué ma curiosité et engendré un réel intérêt pour l’histoire. Qui était ce personnage? Qu’avait-il fait? 

À cette époque, nous vivions près du confluent de la rivière Rouge et de la rivière Seine et c’était la campagne en ville, car devant nous il y avait de grands champs en plus de la proximité des rivières. J’ai donc passé mon enfance sur ce territoire de champs et de bois, à chasser le lièvre et le pigeon, et à fabriquer des arbalètes. En l’absence de centres récréatifs ou de services de loisirs durant les années 1950 à 1960, notre bande d’enfants du quartier se débrouillait avec les moyens du bord pour fabriquer les pièges et les armes dont nous avions besoin. Mon père était fermier, charpentier, pêcheur, chasseur. Il possédait donc tous les outils dont nous pouvions avoir besoin. Homme de la nature, il nous amenait souvent avec lui à la pêche et à la chasse. J’ai ainsi grandi en contact étroit avec la nature. 

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Puis, au Collège Saint-Boniface où j’ai fait mes études (et où j’ai été président du comité culturel), il y avait un carnaval. Les Pères Jésuites avaient transposé le Carnaval de Québec pour l’adapter au collège. Chaque classe participait. J’ai ainsi collaboré à la construction du premier fort de glace au parc Provencher. Nous invitions les scouts et la population à venir à notre carnaval qui est devenu quelques années plus tard le Festival du voyageur. 

Avec le Festival du voyageur, nous pouvions revivre la vie des voyageurs qui font partie de mes ancêtres. Ces hommes venus à 

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la rivière Rouge avec des contrats de voyageurs ont marié des Autochtones. Ma grand-mère était métisse et je suis donc Métis. Je dis parfois que le même sang qui coulait dans les veines de Louis Riel coule dans les miennes. Il est d’ailleurs aussi allé au Collège Saint-Boniface. 

Je me suis impliqué dans le Festival du voyageur et, avec quelques autres personnes qui avaient, comme moi, un engouement pour l’histoire et le désir de faire connaître nos racines, nous avons mis en œuvre les premiers programmes scolaires. Quelques-uns d’entre nous allions dans les écoles habillés en voyageurs afin de raconter l’histoire des voyageurs. Nous avons fondé « Les Associés du Fort Gibraltar », un groupe de bénévoles qui rassemblaient les gens qui avaient à cœur d’interpréter l’histoire de la bonne façon. 

C’était important pour moi d’apporter le festival dans les écoles éloignées comme à Thompson et à Saint-Lazare, car leurs habitants n’avaient pas nécessairement le temps ni les ressources pour venir au festival. Il y avait un besoin là, à preuve, lorsque les organisateurs du Festival du voyageur ont mis fin au programme scolaire, j’ai commencé à recevoir des demandes pour me rendre dans les écoles. J’ai donc commencé mon propre programme scolaire qui a duré environ 20 à 25 ans.

Entre-temps, je suis devenu caméraman pour Radio-Canada, ce qui m’a permis de voyager un peu partout au Canada et aux États-Unis. Un caméraman, ça passe presque tout son temps à l’extérieur, dans la nature, sous la pluie, la neige… C’est là que j’ai acquis mes premières notions de géographie et d’hydrographie et commencé à établir la connexion avec les rivières et comprendre comment La Vérendrye a réussi à traverser d’est en ouest. 

En grandissant, j’ai fait partie du mouvement scout où je suis devenu chef de la troupe au Précieux-Sang. Dans le scoutisme, on approfondit nos connaissances de la nature et de la survie dans la nature. On y apprend la topographie, la cartographie, le canotage… Le monde naturel m’attirait et j’y étais bien plus à l’aise qu’en ville.

Plus tard, avec ma femme et mes enfants, lors de nos vacances en famille, nous faisions du canot-camping. Nous avons commencé par nous rendre dans des parcs provinciaux, mais nous les trouvions trop achalandés. Nous voulions nous évader davantage, plus au Nord ou à l’Ouest, dans des endroits plus « déserts ». 

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Au moment de planifier notre retraite, mon épouse et moi avons acheté un terrain de 200 acres sur les bords de la rivière Roseau. Il faut savoir que La Vérendrye se servait de la rivière Roseau… ce fait n’est pas très connu, mais le premier homme blanc enterré dans les Prairies est Lajemmerais, neveu de La Vérendrye enterré à la Fourche des Roseaux (confluent des rivières Roseau et Rouge). La rivière Roseau a d’ailleurs servi à beaucoup d’explorateurs, car c’était le lien entre le lac des Bois et le lac Winnipeg. La Vérendrye s’était fait dire par Oshaga (un Autochtone) que pour trouver la mer de l’Ouest (son but ultime) qu’il y avait deux façons de s’y rendre : une par la rivière Winnipeg qui est dangereuse et qui comporte beaucoup de portages, et l’autre par la rivière du lac des Bois, qui ne nécessite qu’un long portage de 8 à 10 km, puis tu débouches sur la rivière Rouge, tournes à droite et tu vas trouver la mer de l’Ouest. 
 

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(suite au prochain numéro)

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Georges Beaudry est propriétaire de O'Roseau, Parc des rapides

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